- ENCLAVE
- ENCLAVEENCLAVETerritoire d’un État ou partie de ce territoire entièrement entouré par le territoire d’un autre État. Nombreuses à l’époque féodale, les enclaves ont progressivement disparu avec l’apparition d’États modernes dans lesquels à l’unité du pouvoir correspond le plus souvent une même unité sur le plan du territoire et de la population. Cependant, les aléas de l’histoire ont laissé subsister jusqu’à aujourd’hui quelques enclaves: Llivia, enclave espagnole de 12 kilomètres carrés dans les Pyrénées-Orientales, trouve son origine dans la paix des Pyrénées de 1659 qui cédait à la France trente-trois villages catalans à l’exclusion de ce territoire bénéficiant du statut de ville; la convention du 26 mai 1866 entre la France et l’Espagne en a redéfini les contours. La république de Saint-Marin voit l’ensemble de son territoire (61 km2 seulement, il est vrai) enclavé dans le territoire italien; ayant réussi à rester à l’écart du mouvement d’unification de l’Italie, Saint-Marin constitue cependant plus une curiosité historique et touristique qu’une réalité politique vraiment distincte de l’État italien. Les enclaves posent évidemment des problèmes de frontières de type particulier. Ceux-ci ont connu une illustration célèbre avec le conflit qui opposa l’Inde au Portugal, conflit sanctionné par deux arrêts de la Cour internationale de justice (26 nov. 1957 et 12 avr. 1960): le Portugal possédait en Inde le territoire côtier de Damao ainsi que deux enclaves, Dadra et Nagar Aveli; l’exercice de la souveraineté du Portugal sur ces enclaves nécessitait un droit de passage sur le territoire indien, droit qui limitait la souveraineté de l’Inde sur son propre territoire; liées à la liquidation des séquelles du colonialisme dans le sous-continent, les querelles nées de ce problème ont trouvé une solution définitive, et peu juridique, dans le coup de force de 1961 par lequel l’Inde a pris possession des territoires portugais.• 1312; de enclaver1 ♦ Terrain entouré par des fonds appartenant à d'autres propriétaires et qui n'a sur la voie publique aucune issue ou qu'une issue insuffisante pour son exploitation. Servitude de passage en cas d'enclave.♢ Par ext. Territoire enfermé dans un autre. La Gambie est une enclave en territoire sénégalais.2 ♦ (1611) Partie d'un dégagement qui empiète sur une pièce habitable.3 ♦ (fin XIXe) Géol. Fragment de roche étrangère à la masse où il est englobé. Enclave de schiste dans du granite. ⇒ inclusion.enclaven. f.d1./d Terrain entouré par une autre propriété, qui n'a aucune issue sur la voie publique, ou seulement une issue insuffisante pour permettre son exploitation.d2./d Par ext. Territoire enfermé dans un autre. La Gambie est une enclave dans le territoire sénégalais.d3./d GEOL Roche contenue à l'intérieur d'une autre roche et ayant une composition différente.⇒ENCLAVE, subst. fém.A.— DR. Situation d'un terrain complètement entouré par des terres appartenant à d'autres propriétaires et n'ayant pas d'accès à la voie publique; p. ext., le terrain lui-même ainsi placé. Il y avait là, coupant ces landes, en deux parts, une enclave désastreuse, quelques hectares appartenant à Lepailleur (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 403). De petits prés se touchaient frange à frange, se pénétraient d'enclaves, entrecroisaient leurs clôtures et leurs plaisses (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 115) :• Un riche fermier de Beaumont-sur-Oise, nommé Léger, exploitait une ferme dont toutes les pièces faisaient enclave dans les terres du comte et qui gâtaient sa magnifique propriété de Presles.BALZAC, Un début dans la vie, 1842, p. 321.B.— Territoire, pays placé à l'intérieur d'un autre territoire ou pays. Landau qui, sous Louis XVI, formait une enclave française, fut rattaché au royaume (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 141). Pour indemniser la Hollande de la perte de ces enclaves, je proposais de lui donner la Frise orientale, et les îles frisonnes de Borkum (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 376).— P. ext. Territoire au contour plus ou moins bien défini soumis à des lois morales ou sociales différentes des régions alentour. La Samarie formait en Palestine une espèce d'enclave, où se conservait le vieux culte de Garizim (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 239). Jérusalem et Bethléem devenaient une enclave chrétienne dans la Judée restée musulmane (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 330).— P. anal. Îlot contrastant par son atmosphère, son organisation avec ce qui l'entoure. Le salon nous semblait un territoire hors du clan, une enclave pour les étrangers, les visiteurs, les malades (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 136). Rien d'autre n'existe pour moi que l'endroit où j'habite, enclave soustraite à la démence du voisinage (CHARDONNE, Ciel, 1959, p. 63).— P. métaph. Je m'endormais, avec de petites enclaves de froid sur mon visage ou sur mes bras, aux endroits que frappait la lune (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 22). Chenillat est devenu le centre de tout le paysage au-dessus duquel il se dressait comme une enclave de couleurs vives et contrastées (LARBAUD, Journal, 1934, p. 326).C.— Emplois spéc.1. TECHNOL. Encastrement où vient se loger un objet. Ouvertes, elles [les portes d'écluses] se logent dans des enclaves, pratiquées dans les bajoyers (QUINETTE DE ROCHEMONT, Trav. mar., 1900, p. 369).2. PHYSIOL. Corps étranger séjournant temporairement ou définitivement dans le cytoplasme. Les enclaves sont les vacuoles et grains inclus (enclavés) dans le cytoplasma et qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes (POLICARD, Histol. physiol., 1922, p. 10).Prononc. et Orth. :[
]. Enq. : /
/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1312 encleve « terrain ou territoire dépendant d'un autre propriétaire ou État » (Charte ex Chartul. S. Mart. Pontisar., f° 30 v° ds DU CANGE, s.v. inclausura). Déverbal de enclaver. Fréq. abs. littér. :40.
enclave [ɑ̃klav] n. f.ÉTYM. Mil. XVe; encleve, 1312; déverbal de enclaver.❖1 Dr. État, situation d'un terrain entouré par des fonds appartenant à d'autres propriétaires et qui n'a sur la voie publique aucune issue ou qu'une issue insuffisante pour son exploitation. ⇒ Enclavement. || L'enclave donne naissance à un droit de passage sur les fonds des voisins (Code civil, art. 682). || Servitude d'enclave.b Territoire, pays enfermé dans un autre. || Le comtat Venaissin était une des enclaves de la France. — Territoire obéissant à des lois morales ou sociales différentes des régions alentour.0 Vous avez peut-être entendu ou vous entendez regretter que des traités anciens aient laissé cette enclave marocaine au milieu de nos possessions, et qu'une occasion n'ait pas été saisie de nous l'annexer.L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 38.3 (1611). Partie d'un dégagement (escalier, soupente) qui empiète sur une pièce habitable. ⇒ Empiètement.4 (Av. 1893, Lacroix, in Année sc. et industr. 1894, p. 479). Géol. Fragment de roche étranger à la masse où il est englobé.
Encyclopédie Universelle. 2012.